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Page:Mémoires du Baron de Marbot - tome 1.djvu/357

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POSITION DES ARMÉES.

déboucher par Althoff et former leur extrême droite. Le front de la ligne ennemie était couvert par cinq cents pièces d’artillerie, dont un tiers au moins de gros calibre. La situation des Français était bien moins favorable, puisque leurs deux ailes n’étant pas encore arrivées, l’Empereur n’avait, au commencement de l’action, qu’une partie des troupes sur lesquelles il avait compté pour livrer bataille. Le corps du maréchal Soult fut placé à droite et à gauche d’Eylau, la garde dans cette ville, le corps d’Augereau entre Rothenen et Eylau, faisant face à Serpallen. Vous voyez que l’ennemi formait un demi-cercle autour de nous, et que les deux armées occupaient un terrain sur lequel se trouvent de nombreux étangs ; mais la neige les couvrait. Aucun des partis ne s’en aperçut, ni ne tira de boulets à ricochets pour briser la glace, ce qui aurait amené une catastrophe pareille à celle qui eut lieu sur le lac Satschan, à la fin de la bataille d’Austerlitz.

Le maréchal Davout, que l’on attendait sur notre droite, vers Molwitten, et le maréchal Ney, qui devait former notre gauche, du côté d’Althoff, n’avaient pas encore paru, lorsque, au point du jour, vers huit heures environ, les Russes commencèrent l’attaque par une canonnade des plus violentes, à laquelle notre artillerie, quoique moins nombreuse, répondit avec d’autant plus d’avantage que nos canonniers, bien plus instruits que ceux des ennemis, pointaient sur des masses d’hommes que rien n’abritait, tandis que la plupart des boulets russes frappaient contre les murs de Rothenen et d’Eylau. Une forte colonne ennemie s’avança bientôt pour enlever cette dernière ville ; elle fut vivement repoussée par la garde et par les troupes du maréchal Soult. L’Empereur apprit en ce moment avec bonheur que du haut du clocher on apercevait le corps de