Page:Mérimée - Théâtre de Clara Gazul, 1857.djvu/237

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calomnies atroces que vous venez de me faire entendre ; je les attribuais à l’état de souffrance où je vous vois ; mais ce dernier outrage ne peut se pardonner. Je descends de vieux chrétiens et de Castillans, monseigneur, et j’ai le cœur trop haut pour accepter les présents d’un homme que je n’aime pas. Tous vos cadeaux vous seront rendus. Je vendrai ma maison et mes meubles pour payer le reste. En attendant, voici un collier de diamants et des bagues que vous m’avez donnés… Ce soir, je n’aurai rien à vous.

Elle ôte ses bijoux et se dispose à sortir.

Le Vice-Roi ému.

Perichole !… Perichole ! La… ne vous en allez pas… Écoutez… écoutez donc… Faut-il que je me lève ?… Aïe ! aïe !

La Perichole s’arrêtant.

Vous vous êtes fait mal ?

Le Vice-Roi.

Vous parliez de calomnies ?…

La Perichole.

Je ne me souviens plus de ce que j’ai dit.

Le Vice-Roi.

Dis seulement que cela n’est pas vrai, et j’oublie tout.

La Perichole.

Croyez-en ce qu’il vous plaira. Je baise les mains de Votre Altesse.

Le Vice-Roi.

Non, ne t’en va pas encore… Perichole… J’étais en colère… j’ai été trop vif… Mais maintenant expliquons-nous tranquillement. — Ainsi, tout ce qu’on m’a dit de toi était faux ?

La Perichole.

Laissez-moi m’en aller. Je tiens peu à votre opinion.

Le Vice-Roi.

Voyons donc, Camila. Eh bien ! je crois que j’ai eu tort. Es-tu satisfaite ?

La Perichole.

Non, non, vous avez raison.

Le Vice-Roi.

Entêtée ! méchante !… Je te déteste ; mais va, tu es charmante toujours… Je t’aime trop… Je sais bien que tout ce que l’on m’a dit est faux… Mais dis-toi que cela est faux… rien que…

La Perichole.

Non : vous m’avez trop offensée pour que je tienne beaucoup à votre estime.

Le Vice-Roi.

Allons, Camila ! Eh bien ! n’en parlons plus… Je te demande pardon… J’ai eu tort… C’est que j’étais si souffrant que je ne savais ce que je disais. Tout est fini… Donne-moi la main… Mais dis-moi…