Page:Mérimée - Théâtre de Clara Gazul, 1857.djvu/243

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Balthasar.

Oui, monseigneur…

Le Vice-Roi.

Vive Dieu ! on se bat là-bas… Courez tous, vous autres… Allez, prenez les armes… Assommez-moi cette canaille… Perichole ! Ah ! heureusement… elle poursuit sa route, grâce à cet homme qui fait si bien le moulinet de son bâton… Il lui ouvre un passage.

Balthasar.

Dois-je courir après le carrosse de madame ?

Le Vice-Roi.

Non, demeure. Cela est inutile maintenant… Cependant à son retour… Dis à Sébastien et à Dominique de monter à cheval. Qu’ils prennent des mousquetons et qu’ils la suivent de loin… et qu’ils ôtent ma livrée… S’il arrivait quelque malheur, je m’en prendrais à vous. — Ce peuple de Lima est si grossier ! je crains qu’il ne lui fasse quelque avanie… Après tout, il semble qu’il ne soit pas arrivé d’accident ; car voici l’autre carrosse relevé et qui continue sa marche… et la foule entre dans l’église. Fasse le ciel qu’elle s’en tire sans malencontre !… On aura beau dire, il n’est pas défendu aux comédiennes d’aller en carrosse si elles en ont… Tant pis pour les marquises, si, moins jeunes et moins jolies que les actrices, elles ne trouvent personne pour leur en donner… (Il fume un cigare.) Ce baptême n’en finit pas !… Il me tarde de la voir revenir pour apprendre d’elle les détails de l’aventure… Oh ! maudite jambe !… Je souffre davantage, je crois, quand je suis inquiet… Voyons : la dernière fois que j’ai été malade, cela m’a duré cinq… six jours… bon ! Cette fois-ci, je l’espère, j’en serai débarrassé plus tôt. Ainsi je pourrai assister à la première représentation de la comédie où elle doit jouer un rôle… Et si je ne pouvais sortir… Ma foi ! je ferais retarder la représentation.

Balthasar.

Monseigneur, monsieur le licencié Thomas d’Esquivel demande la faveur d’entretenir Votre Altesse.

Le Vice-Roi.

Fais entrer. — Il vient sans doute me régaler d’une petite morale, afin de tirer de moi quelque cadeau. Au fait, il y a bien un mois que je ne l’ai vu.

Le Licencié entrant.

Je baise les mains de Votre Altesse.

Le Vice-Roi.

Ah ! monsieur le licencié, vous voyez un homme bien malade !

Le Licencié.

Je suis désolé de l’apprendre. C’est donc cet