Page:Mérimée - Théâtre de Clara Gazul, 1857.djvu/86

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ANTONIO, les yeux fermés. — Femme, quel est votre nom ? MARIQUITA - On m’appelle Maria Valdez, plus souvent Mariquita ; on m’a de plus surnommée LA FOLLE. Voilà mes nom, prénom et surnom.

ANTONIO, de même. — Votre âge ?

MARIQUITA - C’est une question un peu scabreuse à faire à une femme, si l’on veut qu’elle dise la vérité. Cependant je suis franche, j’ai vingt-trois ans. Si vous en doutez, regardez-moi. Ai-je l’air plus vieille ? (Elle ôte son voile).

RAFAEL et DOMINGO, à part. — Vive Dieu ! quelle jolie fille !

ANTONIO, de même, à demi-voix. — Arrière de moi, Satan, démon de la curiosité ! tu ne me vaincras pas ! (Haut). Quelle est votre profession ?

MARIQUITA, hésitant. — Diable !… je ne sais trop que vous dire… je chante, je danse, je joue des castagnettes, etc., etc…

ANTONIO, de même. — Ainsi c’est dans ces jeux, dont, grâce au ciel, les noms mêmes me sont inconnus, que vous dissipez un temps que vous devriez donner aux larmes du repentir ?

MARIQUITA - Eh ! pourquoi donc pleurer et se repentir, seigneur licencié, quand on n’a rien fait de mal ?

ANTONIO, de même. — Rien fait de mal ! interroge ta conscience !

MARIQUITA - Que voulez-vous qu’elle me reproche ? J’ai bien commis quelques petites fautes, mais j’en ai eu l’absolution dimanche dernier de l’aumônier de Royal-Murcie, infanterie. Laissez-moi aller, et ne m’effrayez pas davantage avec vos robes noires et toute votre…

ANTONIO, de même. — Maria Valdez, vous dites que votre conscience ne vous reproche rien : réfléchissez, et ne mentez point.

MARIQUITA - Puisque je vous ai dit la vérité, vous allez me faire sortir, j’espère ?

RAFAEL, à Antonio. — Mettez-la sur la voie.

ANTONIO, de même. — Connaissez-vous une femme nommée Juana Mendo ?

MARIQUITA - Si je la connais, une de mes bonnes amies !…

ANTONIO, de même. — Mais n’avez-vous jamais eu de querelle ?

MARIQUITA - Non… Ah ! cependant, il y a quelques jours, elle m’a cherché noise, prétendant que je lui avais volé un amant ; ce qui n’est pas vrai, monsieur le licencié. Seulement