Page:Méténier - Les Voyous au théâtre, 1891.djvu/94

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ces pauvres parias d’une société marâtre, parce qu’ils restent, voués de par leur origine et leur éducation, à une existence que les moralistes qualifient d’inavouable !

De quel droit, inavouable ? Donnez-leur le moyen de vivre autrement.

Je les plaignais ; depuis que je les ai vus, que j’ai vécu au milieu d’eux, je les excuse et je n’éprouve plus pour eux qu’une immense pitié… Je les aime même !

Il est de par le monde pas mal de bourgeois qui feraient pire, s’ils étaient à leur place.

Eux, la société les traite en ennemis ; ils lui rendent la pareille, et à l’heure où ils commettent un crime, ils croient se défendre… simplement, et ils sont sincères.

Vous jugez, mesdames et messieurs, quelle abondante récolte de notes, de documents, d’observations, j’ai pu faire, d’autant plus que, intéressé au suprême degré par ces mœurs qui n’ont jamais été vues de si près je ne me contentais pas des occasions que me fournissaient mes fonctions.