Page:Maistre de La Tour - Histoire d'Ayder-Ali-Khan, 1783.djvu/193

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La Dame qui s’étoit fait précéder par deux superbes dindes, élevées à la brochette, arriva toute éplorée. Elle se lamenta beaucoup sur la misère prétendue où elle se disoit réduite par la mauvaise-foi des Jésuites, contre qui elle vomit mille & mille invectives. Elle sut si bien pérorer en sa faveur, que presque tous les Européens, & sur-tout les François, qui étoient de jeunes gens pour la plus grande partie, vouloient que les Jésuites fussent condamnés à restituer, & ensuite brûlés, ou tout au moins pendus.

Le Père Provincial étoit un Italien d’environ soixante ans, d’une figure imposante, & en même tems affable[1] & prévenante.

  1. Les Jésuites en mission dans l’Inde, qui ne résident pas dans les pays soumis aux Européens, se disent Bramines chrétiens. Ils portent l’habit semblable à celui des Bramines, ayant le cordon à trois branches, & des souliers où il n’entre point de cuir. Ils ont de la barbe & vivent à l’extérieur comme les Bramines, ne mangeant jamais publiquement de rien de ce qui a eu vie, & n’allant jamais à l’Autel qu’après s’être lavé & purifié. Des Vierges leur jettent des cruches d’eau sur la tête, & les essuient ensuite, après quoi ils prennent l’aube, la chasuble & les autres habillemens sacerdotaux. Ce Provin-