Page:Malo - Une muse et sa mere.pdf/63

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d’eau, et sa voix grave et sonore annonce le Mérite des femmes.

— Ah ! Tant mieux ! ce ne sera pas long, murmure le vicomte de Ségur à l’oreille de sa voisine.

Il s’agit du dévoûment des femmes sous la Terreur. À certaines allusions, les regards se tournent vers Mme Lebrun, radieuse, les yeux brillants de joie, le teint jeune et frais, les cheveux blonds admirables, heureuse de se retrouver dans un pareil milieu après les tristesses de l’exil.

La lecture terminée, on félicite l’auteur. Sophie Gay fait remarquer le bon goût, la grâce, la coquetterie des compliments que tourne Louis de Narbonne, au vicomte de Ségur, qui en profite pour placer une anecdote. En 1792, après son ministère où il avait dépensé sans compter, il fallut à Narbonne trente mille livres pour éviter la prison. Un indiscret l’apprit à Mme de Staël, qui courut les demander à son mari.

— Ah ! Vous me comblez de joie ! s’écria M. de Staël, qui ajouta en donnant les trente billets de mille : « Jugez de mon bonheur : je le croyais votre amant ! »

M. de Parny offre la main à Sophie Gay pour passer dans la salle à manger, où l’on soupe. Et comme on est chez une comédienne, la soirée finit sur une scène de comédie. Florence, modeste confident sur les planches, excellent semainier par ailleurs, annonce qu’une indisposition de Talma oblige à changer le spectacle. Pour sauver la recette, la Comédie supplie Mlle Contat de jouer le Misanthrope et les Fausses Confidences. Vigée a parié que, quoi qu’il sol-