Page:Marguerite de Navarre - Deux farces inédites, éd. Lacour, 1856.djvu/22

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

. . . . . .

   Les vierges de cueur pur et munde,
   Au temps passé, en lieu du monde,
   Plus honnestement ne vivoient
   Qu'avec leurs parents, et n'avoient
   Que l'évesque pour leur beau-père....
   Mais nommez-moy le monastère,
   Je vous prie, que vous voulez prendre
   Pour en servitude vous rendre
   À jamais?

CATHERINE.

             Celuy de Temspert.

CLÉMENT.

   N'est-ce pas celluy qui appert
   Sur la montagne, par delà
   Le boys de vostre père?

CATHERINE.

                           Là.

CLÉMENT.

   Je congnoys toute la mesgnye
   De céans. Quelle compaignye!
   Elle mérite, bien pensez,
   Que pour elle vous laissez
   Vos parents si bons et honnestes!
   Quant au prieur, sur toutes bestes,
   Je la vous promets la plus sotte.
   Il y a dix ans qu'il radotte,
   D'aage et d'ivroignerye extresme,
   Et a deux compaignons de mesme:
   Frère Jehan et frère Gervays;
   Frère Jehan n'est point trop mauvais;
   Mais au reste il n'a rien de l'homme,
   Fors seulement la barbe; comme
   Il n'a ne sçavoir, ne cerveau.
   Et frère Gervais est si veau,
   De contenance si badinne,
   Que, sans le froc sacré et digne
   Qui couvre tout, il trotteroyt
   Parmy la ville, et porteroyt
   Le beau chapperon à oreilles,
   Et les deux sonnettes pareilles
   Publicquement!

CATHERINE.

                 Ils sont tant doulx!

CLÉMENT.

   Si les congnoys-je mieul