Page:Marguerite de Navarre - Deux farces inédites, éd. Lacour, 1856.djvu/28

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Que s'il laissoit, par griefve offence,

   La blanche robbe d'innocence
   Que eut de Jésus-Christ son roy!

CATHERINE.

   Certes on dict, et je le croy,
   Que c'est chose de grant mérite
   Si quelcun sa liberté quicte
   Et en tel servage se boutte
   De son gré.

CLÉMENT.

               Cela vient sans doubte
   De pharisaïcque doctrine!
   Sainct Paul, au rebour, endoctrine
   Que qui est franc s'y doit tenir,
   Sans point vouloir serf devenir;
   Mais plustost qu'on se délibère
   De devenir franc et libère.
   Et, ce qui rend plus malheureuse
   Ceste servitude fascheuse,
   Il vous fault servir plusieurs maistres,
   Souvent grosses bestes champestres,
   Bien souvent trop longtemps congneuz,
   Aulcune foys nouveaulx venuz!
   Or çà est-il loy ne usance
   Qui vous mette hors la puissance
   Et hors des droitz de père et mère?

CATHERINE.

   Nenny.

CLÉMENT.

         Et venez çà, commère!
   Povez-vous doncq, oultre leur gré,
   Vendre ou achapter champ ne pré,
   Qui soit de leur bien?

CATHERINE.

                          Rien quelconques.

CLÉMENT.

   Qui vous baille ceste loy donques
   De vous livrer en main estrange,
   Veu que père et mère à ce change
   Ne veulent consentir en rien?
   N'estes-vous pas leur propre bien
   Et leur chère possession?

CATHERINE.

   La foy et