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SUR MARGUERITE D’ANGOULÊME.

SUR MARGUERITE D’ANGOULÊME. faite à Chambord, un de ces châteaux dont la construction servit d’amusement au déclin de François Ier.

Le Roi eût bien désiré garder Marguerite auprès de lui, mais la chose n’était pas possible. Après avoir rempli son devoir de scur, la reine de Navarre se rendit à son devoir d’épouse, et retourna en Béarn un peu tranquillisée. Vers la fin d’avril, étant en son monastère de Tusson, elle songea une nuit que son frère lui apparaissait, le visage pâle, abattu, et l’appelait d’une voix plaintive : « Ma sœur, ma sœur ! » On a pu remarquer déjà que Marguerite, comme toutes les âmes tendres, croyait aux pressentiments, aux présages, aux songes : celui-ci lui parut digne d’attention. Elle expédia sur-le-champ plusieurs courriers à Paris. Dans sa vive inquiétude, elle disait aux personnes de son entourage : « Quicon «  que viendra à ma porte m’annoncer la guérison « du Roi, tel courrier, fût-il las, harrassé, fan «  geux et malpropre, je l’irai baiser et accoler « comme le plus propre gentilhonime de France ; « et s’il auroit faute de lit, et n’en pourroit trou «  ver pour se délasser, je lui donnerois le mien, a et coucherois plustôt sur la dure, pour telles « nouvelles qu’il m’apporteroit. » Mais il ne venait toujours personne. Au bout de quelque temps, 6