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SUR MARGUERITE D’ANGOULÊME.

(C SUR MARGUERITE D’ANGOULÈME. 87

« haitent. Je n’en puis conjecturer aultre raison, sinon

que le ciel qui l’a faicte ne veult, comme « jaloux, qu’elle dépende d’aultre que de luy. » A l’avénement d’Henri II au trône, la reine de Navarre lui avait écrit une lettre de félicitations officielles triste et courte, pour s’excuser sur sa mauvaise santé de

ne pas aller en personne l’assurer de son dévouement et assister aux fêtes du sacre. Elle était devenue indifférente au monde par la perte de ce qu’elle y avait chéri le plus, sa mère et son frère. Elle ne sortait presque plus de son monastère de Tusson. « Souvent, dit Bran «  tôme, on l’y a vue faire l’office de l’abesse, et « chanter avec les religieuses en leurs messes et « vespres 2. »

C’eût été trop de peines pour toute autre que la reine de Navarre ; mais le ciel, qui connaissait le courage de Marguerite, lui envoya le surcroît d’une peine nouvelle et non moins profonde

ce fut le mariage de sa fille. « Jeanne, dit

« M. Daunou, épousa sous d’assez tristes auspices « Antoine de Bourbon. Cette union déplaisait à « Marguerite, et fut un des chagrins qui la con « duisirent au tombeau 5. » Il était écrit que

la

  • Traité des Rodomontades espagnoles.

— Dames illustres, Vie de Marguerite, reine de Navarre. 3 Journal des Savants, 1819, p. 721. Le principal motil de