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SUR MARGUERITE D’ANGOULÊME.

SUR MARGUERITE D’ANGOULÊME. parole, et ne la recouvra qu’au moment suprême. Elle s’écria : Jésus ! Jésus ! Jésus ! et rendit le dernier soupir, le 21 décembre 1549, dans la cinquante-huitième année de son âge ?.

Je laisserai parler, sur cette mort, Olhagaray, témoin oculaire et historien exact. Après avoir rapporté le mariage de Jeanne d’Albret : « O « quelle joie, s’écrie-t-il, quelle joie aux peuples « de Béarn et de Foix, qui avoient eu jusqu’alors « leur princesse prisonnière… de laquelle on ne « pouvoit rien moins espérer que de Marguerite, « qui avoit esté l’æillet précieux dans le parterre « de ceste maison, et de qui l’odeur avoit attiré a en Béarn, comme le thym les mousches à miel, « les meilleurs esprits de l’Europe… Hélas ! qui « pourroit escrire le dueil que le Béarn et le Foix « en a ! Il me semble

que le soleil se cache, que le « jour devienne nuit, que les Muses s’en aillent avec « elle, que les doctes ennuyés de vivre défaillent a par ce seul coup. Que dirons-nous du Roy privé « de sa Marguerite ? Il n’avoit plus ceste ferme « façon de vivre qu’il avoit, et alloit variant à « tout propos, faisant mescontent ; et comme « ceux qui n’ont accoustumé la mer, vont de vais «  seau en aultre, cuidant esviter la marine ; ainsi Ch. de Sainte-Marthe, Oraison funcbrc.