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NOTICE

celui de la Servante justifiée, dont il a changé et modifié les détails à sa manière, en y mettant cent fois plus d’esprit et de malice qu’il n’y en a dans l’original.

Voltaire lui-même, en indiquant les Nouvelles de Marguerite comme un livre licencieux avant tout, était l’écho, peut-être sans le savoir, du janséniste abbé Goujet, lequel dit dans sa Bibliothèque françoise : « Je ne vous parlerai pas ici des contes qu’on lui attribue (à Marguerite)….., qui ont paru indignes de la suite de la vie de cette reine et de la majesté du trône. » (T. XI, 408.) Au contraire, il fallait en parler pour détruire une erreur trop répandue. Mais pour en parler dans ce sens, il aurait fallu les lire, et l’abbé Goujet était trop dévot à saint Páris, pour courir les risques de cette lecture. Avec un peu plus de courage, il se fût assuré que

les contes de la reine de Navarre n’étaient indignes ni de la vie de cette princesse ni de la majesté du trône, comme il le dit pompeusement et un peu ridiculement.

Au lieu de contes obscènes dont la pensée

effrayait sa pieuse austérité, il eût trouvé des contes moraux, ou qui du moins s’appelleraient ainsi à bien meilleur titre que ceux de Marmontel. On s’aperçoit en les lisant que l’imagination de l’auteur ne s’est guère mise en frais. Elle se