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NOTICE

chaque ligne en porte l’empreinte ; l’on pourrait s’étonner de le voir méconnu, si l’on ignorait combien, en fait de critique, les traditions sont vivaces et routinières, et quelle est parfois la légèreté des juges les plus respectables aux yeux du public.

Parmi ces Nouvelles, il y en a beaucoup qui concernent les moines ; ce ne sont pas les plus édifiantes. Mais aussi le but de Marguerite n’était pas

de faire aimer le monachisme. Il n’était même pas

besoin de l’influence de Luther pour que tous les bons esprits fussent frappés des inconvénients de la vie cenobitique, et scandalisés de la conduite irrégulière et des discours effrontés de certains religieux de ce temps. On en fit justice par le ridicule ; on en avait le droit. Et si vous doutez que ce fût justice, ouvrez, non pas Rabelais, Marot ou Henri Estienne, ce sont des mécréants

; mais les sermons du cordelier Menot.

Vous y constaterez les dissolutions du clergé régulier, et en même temps le cynisme du langage qui osait se produire dans la chaire évangélique, sous le nom et avec les priviléges de la parole de Dieu. Marguerite, en bonne chrétienne, regarde de tels moines comme une zizanie venue dans le champ du Seigneur. Elle poursuit donc sans pitié leur débauche, leur orgueil, tous