Page:Marguerite de Navarre - Lettres, éd. Génin, 1841.djvu/120

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
100
NOTICE

tion. De même les conteurs des cent Nouvelles rédigées par Louis XI, alors dauphin et fugitif, sont des seigneurs de la cour du duc de Bourgogne ; les conteurs du Décaméron ont peut-être existé aussi réellement. Boccace avait pris pour point de départ la grande peste de Florence ; Marguerite prend pour occasion de ses contes une aventure inoins sinistre, le débordement des eaux du gave béarnais, qui l’oblige à se réfugier au monastère de Notre-Dame de Serrance, où l’inondation des chemins et la rupture des ponts lui envoient bientôt compagnie d’hôtes joyeux et spirituels

« Une veuve de longue expérience, nom «

mée Oysille, résolut de bannir de son esprit la « crainte des mauvais chemins, et se rendit à « Nostre-Dame de Serrance, persuadée que s’il y « avoit moyen d’échapper d’un danger, les moines « debvoient le trouver. » La causticité de ce dernier trait révèle assez la personne qui se cache sous la figure de cette Oysille. Et de fait, c’est Oysille qui dirige tout dans l’ordre des récits, qui distribue la louange et le blåme, qui discute et décide les difficultés d’amour et de morale, qui dégage l’affabulation de chaque nouvelle, qui fait les homélies les plus longues et les plus éloquentes ; c’est encore elle qui chaque jour lit et commente l’Écriture sainte à ses compagnons de