Page:Marguerite de Navarre - Lettres, éd. Génin, 1841.djvu/139

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
119
SUR MARGUERITE D’ANGOULÊME.

SUR MARGUERITE D’ANGOULEME. sies de Marguerite pour jouir de cet esprit licencieux qu’on se plaît à lui attribuer, seraient bien surpris d’y rencontrer à chaque page la pensée de la mort, l’amour de Dieu, et la nécessité de songer au salut.

Ces poésies dévotes ne sont pas le résultat d’une conversion tardive ni d’un zèle repentant, qui cherche à expier par des vers mystiques le scandale de compositions d’un autre genre. Elles sont de toutes les époques de la vie de Marguerite, et tout à l’heure, quand nous parlerons de la correspondance avec l’évêque de Meaux, l’on verra mieux encore combien la tournure d’esprit, les habitudes religieuses de la reine de Navarre dans son âge mûr, étaient conformes à celles de la duchesse d’Alençon.

On a parlé souvent des Comédies de la reine de Navarre. Bayle affirme, et l’on a mille fois répété sur sa parole, que cette princesse s’amusait à composer et à faire jouer des comédies pleines de sarcasmes amers contre les cardinaux et le Pape. Je demanderai toujours où est la preuve ? Bayle avait-il vu ces comédies ? Serait-ce par hasard celles qui sont imprimées dans le Recueil des Marguerites de la Reine ? Il est incroyable à quel point s’accréditent les opinions les plus fausses sur des choses qui sont entre les mains de tout