Page:Marguerite de Navarre - Lettres, éd. Génin, 1841.djvu/148

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NOTICE

Jusqu’ici du moins on a pu deviner la pensée défigurée, étouffée sous les langes de cette rhétorique inqualifiable ; il restait une lueur de raison pour nous guider dans les détours obscurs du labyrinthe. Mais tout à coup cette lueur s’éteint, et le lecteur trébuche au milieu des ténèbres les plus profondes. Que dire de ce début ? « Madame, qui est désert, en désert est abymé ; « cherchant désert et ne le peult trouver ; et « quand le treuve, est pardessus empesché, est « mauvais guide pour guider aultruy hors de dé «  sert et le conduyre au désert désiré. Désert l’af «  fame de faim mortifère, combien qu’il soit plein jusqu’aux yeux, appétant désir pour l’assouvir « et l’appauvrir en pauvreté. » (P. 118 du scrit.)

Si Briçonnet argumenta en pareil style aux conciles de Pise et de Latran, il dut embarrasser beaucoup ses adversaires. Cela paraît le résultat d’une gageure.

Ces passages

sont très-fréquents, et j’ai choisi encore un des plus courts. Le galimatias des romans de chevalerie qui tournait la tête à don Quichotte n’approche pas des pieux logogryphes de l’évêque de Meaux. Quelquefois, à la vérité, Briconnet (C

manuin igne consumptum est plumbum. Briconnet a supprimé le point ct la virgule.