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SUR MARGUERITE D’ANGOULÊME.

SUR MARGUERITE D’ANGOULEME. semble pris de remords, et après une tirade comme celle que je viens de citer, il fait un retour sur lui-même, et demande naïvement : « Ma « dame, qu’est-ce que je dy ? » ou bien : « Madame, « je ne sçay que je dy ; » et l’on ne peut s’empêcher d’être cette fois de son avis. Et Marguerite ? quel rôle fait-elle dans tout ceci ? Un assez triste rôle. La contagion opère sur son esprit jusqu’à un certain point, c’est-àdire que, pleine de respect pour le prélat, elle voudrait l’imiter, suivre sa trace dans les voies de la littérature comme dans celles de la piété, mais elle fait de laborieux et vains efforts pour s’élever au ton de l’évêque ; elle signe « vostre gelée, altérée et affamée fille ; » ailleurs « la pis a que morte, » ou « la vivante en mort, Margue «  rite. » Elle ne saisit pas bien les finesses mystiques de son directeur ; elle s’en plaint, et le prie de se mettre à sa portée, de se démétaphoriser : « La pauvre errante ne peult entendre le bien « qui est au désert, par faulte de connoistre qu’elle « est déserte. Vous priant qu’en ce désert, par affec «  tion, ne courriez si fort que

l’on ne vous puisse « suivre….. afin que l’abysme par labysme invo «  qué puisse abysmer la pauvre errante. (C

« MARGUERITE. » 9