Page:Marguerite de Navarre - Lettres, éd. Génin, 1841.djvu/150

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NOTICE

Mais Briçonnet, loin de ralentir sa course par affection, prend le mors aux dents : « L’abysme qui « tout abysme prévient, pour en le désabysmant « l’abysmer en l’abysme (sans l’abysmer) ; auquel « abysme est fond sans fond, voie des errants, « sans chemin ny sentier, etc….. » Voici bien du haut style, s’écrierait ici le Gorgibus de Molière. Ce qu’il y a de surprenant, c’est que le prélat fournit ainsi une carrière de quatre-vingts pages, au bout desquelles l’épuisement le saisit enfin ; sa chaleur le trahit ; il tombe, il roule dans l’abîme du désert : defecit sufflatorium in igne.

Cette volumineuse correspondance n’offre d’ailleurs que des traces d’intérêt bien rares et bien faibles. On y chercherait en vain des renseignements ou des allusions relatives aux personnages ou aux affaires de l’époque, excepté trois ou quatre lettres de madame d’Alençon, où elle parle de sa famille ^. Il n’y est pas même question de la réforme de Luther, qui alors occupait tous les esprits. Ce recueil est rempli presque exclusivement par le fatras mystique de l’évêque de Meaux. Marguerite n’y est que pour un très-petit nombre de lettres fort courtes, et c’est dommage, car elle On les trouvera à leur date dans la correspondance.