Page:Marguerite de Navarre - Lettres, éd. Génin, 1841.djvu/156

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
136
NOTICE

la plus défigurée de toutes, on n’hésitera pas dire qui en est l’auteur. Il y reste encore assez de la reine de Navarre pour qu’il soit impossible de la méconnaître.

Presque toutes les lettres du présent Recueil sont adressées à M. de Montmorency, d’abord maréchal de France, puis grand maître, après la bataille de Pavie, par la mort de M. de Boisy, et enfin connetable. On y verra dans quelle haute faveur Montmorency était placé auprès du Roi, et combien l’affection dévouée de Marguerite contribua à sa fortune. Cette affection, Montmorency la paya de la plus noire ingratitude, en essayant d’exciter la sévérité de François Ier contre la reine de Navarre. On sait comment, en éveillant les scrupules religieux du Roi, il tâchait d’attirer la persécution sur la tête de sa bienfaitrice. Il n’est pas surprenant qu’un homme capable d’une telle lâcheté ait forcé son maître à le disgracier malgré ses services militaires et à le bannir de sa cour. La reine de Navarre, sans s’abaisser à la plainte ni aux reproches, rompit avec lui par le silence. Sept ou huit ans plus tard, Henri II monta sur le trône, et, au mépris des recommandations de son père mourant, fit revenir Montmorency, et le mit plus haut qu’il n’avait jamais été. Marguerite au contraire, en perdant