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SUR MARGUERITE D’ANGOULÊME.

SUR MARGUERITE D’ANGOULÊME. son frère perdait tout, et pour conserver sa pension de princesse du sang elle fut réduite à solliciter la protection du connétable. Sa lettre est courte, pleine de dignité et même assez affectueuse. Elle lui rappelle leur ancienne liaison qui remonte à l’enfance de Montmorency : « Je vous « prie, dit-elle, vouloir continuer jusques à la fin « de vostre vieille mère, et luy estre son baston « de vieillesse, comme elle a esté les verges

de « vostre jeunesse. Car vous avez eu beaucoup d’amis ; mais souvenez-vous que vous n’avez eu qu’une mère, qui jamais ne perdra ce nom ni « l’effect en tout ce qu’elle pourra faire ou désirer « pour vous ou les vostres. » On pourra, d’après cette correspondance, porter un jugement complet et certain sur la reine de Navarre. Ses contes ne développent qu’un côté de son esprit, ses lettres découvrent pleinement son esprit et son cœur. Je ne veux faire ici l’éloge ni de l’un ni de l’autre ; cet éloge serait suspect. Il vaut mieux abandonner le lecteur à ses impressions naïves ; elles serviront Marguerite plus efficacement que des louanges sincères, mais arrangées. Si cette correspondance est lue du public, je n’ai point de peur que désormais on répète sur la reine de Navarre les jugements faux et calomnnieux dont ses mours et sa