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SUR MARGUERITE D’ANGOULÊME.

SUR MARGUERITE D’ANGOULEME. 145

SCÉVOLE DE SAINTE-MARTHE. « Ce fut un heureux présage pour la France qu’entre tant de bons esprits qui s’appliquèrent à polir et à illustrer notre langue, à donner de l’élan aux beaux-arts, se soit rencontrée une princesse, sæur d’un grand monarque, reine elle-même, Marguerite de Valois. Elle jugea qu’elle pouvoit ajouter encore à l’éclat de sa haute naissance et de sa fortune

par des monumens littéraires qui transmettroient son nom à la postérité la plus reculée. Elle écrivit en conséquence beaucoup et de très-beaux ouvrages. Également ennemie des vanités des cours et du libertinage accoutumé des poëtes, elle porta dans le commerce sacré des Muses la modestie, l’esprit chaste et religieux convenables à une telle princesse, et qu’on voyoit paroître dans toutes ses actions. Aussi donna-t-elle la préférence aux sujets capables de former les hommes aux bonnes mæurs et à la piété. D’ailleurs, elle s’en acquittoit par l’exemple de sa vie, et toutes les vertus s’accordoient en elle par un concert si parfait, qu’il seroit difficile de décider laquelle s’élevoit au-dessus des autres dans l’âme de cette merveilleuse et sainte héroïne. Elle avoit au plus haut point cette qualité, que tous les affligés de pauvreté, ou battus de la fortune, étoient secourus par elle avec une bonté toute pieuse et vraiment chrétienne. Les gens de letires, tous ceux qui étoient connus par leur mérite, elle les soutenoit soit de ses libéralités ou de celles du Roi, son frère, leur procurant l’augmentation de leurs biens et l’accès aux honneurs. « Elle épousa, étant à peine nubile, Charles duc d’Alencon, de l’illustre sang des Valois, lequel l’avant laissée reuve sans enfans, elle cul de son second mari, Henri 10