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DE LA REINE DE NAVARRE.

porteur lettre, qui m’ennuye, que ma propre main ne peult escrire. Il vous dira l’estat où il a laissé ceste compagnie, en laquelle j’espère bientost avoir une heure de loysir à plorer, non celle qui a son désir accomply’, mais celle qui n’a commencé à désirer”. La fin est selon la vie ! sa fin estoit en sa vie ; vous en scavez plus que moy. Et puis mon imparfaite foiblesse ne peult porter l’indiscrétion d’amour. Parquoy la recommandant à vostre immortelle mère va faire fin sur la fiance du porteur La vivante en mort, MARGUERITE 3. (Suppl. fr., nº 337, fol. 307, verso.] 2 CC

· La femme de René, bâtard de Savoie, tante de Marguerite, qui venait de mourir.

Marguerite elle-même, qui n’avait pas encore conmencé à désirer la mort.

3 Voici la réponse de l’évêque de Meaux : Aussy peu est recepvable ung larmoyant désollé pour aultres

consoller, que ung aveugle pour aultres conduire. Il devoit suffire à envie qu’elle eust par mort fouldroyé la terre, sans empescher le bancquet de larmes préparé par l’affection maternelle, auquel, madame, par vos lettres apportées par M. le Protonotaire, m’avez de vostre grace invité, me proinettant une heure pour plorer, non la bonne tante, morte-vivant, ayant désemparé son navire et mis pied en terre des vivans ; mais les povres encore fluctuans et voltigeans en la grant mer. L’espoir de recepvoir pasture fortifiante audict bancquet avoit eslevé la voyle de mon navire ; mais le vent aquilonaire n’a permis prendre le port désiré, me cuidant persuader que le saige auroit dict mieulx estre aller en la maison de pleurs que en celle du bancquet… Bancquet préparé par le feu de la charité dessicatteur des eaues pénétrantes jusques à l’ame……… Je suis asseure, madame, que aultres ne désirez plorer, pour lesquels larmes sont vos pains ordinaires, que vous présentez à la bonté divine. Vous suppliant, madame, très humble-