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LETTRES INÉDITES

LETTRES INÉDITES songé trois fois, qu’elle luy disoit : Adieu mon Roy, je vors en paradis, devina sa mort, qu’il print en grant extresme douleur, (par la bonté de Dieu !) patiemment. Et m’escript qu’il aimeroit mieulx mourir que de la désirer ence monde, contrevenant au vouloir de son Dieu, lequel il en bénissoit. Après avoir esté reconfortée en sa patience, Madame, qui n’en avoit oüy parler, par un capitaine d’adventuriers l’a sceu, qui l’a porté de sorte que depuis au disner jusques au souper, une larme n’attendant l’autre, sans jetter souspirs de despit ou impatience, ne cessa de me prescher et faire envers moy l’office de réconfort que je luy debvois ; où je vous souhaicte, car veoiant son corps naturel souffrir douleur, ce sembloit, importable, les yeux levés au ciel, ne cessant jamais de louer Dieu, pensois veoir un esprit ravy en luy. Mais elle a si bien continué, qu’elle a receu la dame tribulacion, non comme hostesse d’ung jour, mais comme sa sœur avec laquelle a esté pourrie et qu’elle désire à jamais avoir pour compagne. Et la doulceur en quoy N. S. la luy faict prendre la garde que sa santé n’en a pis. Je la recommande à vos bonnes prières, sans oublier celle qui n’eust esté à son aise sans vous en avoir escript ce qu’elle en pense, que vous congnoissez, et qui désire, comme pour le mieulx qu’elle peult souhaicter en ce monde, estre Vostre bonne mère, MARGUERITE’. [Suppl. fr., n° 337, fol. 409. Copie. ] Les historiens de François I“, notamment Gaillard (t. V, p. 315), mettent la mort de madame Charlotte à la date du 8 septembre 1524. Il cst visible qu’ils se trompent, puisque la lettre de Marguerite, où