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DE LA REINE DE NAVARRE.

vostre opinion et jugement est si droit et sainct, que celuy qui y contredict est desjà condamné. Vous monstrez que vous n’estes pas seulement un cousin selon le

sang et la chair, mais aussy selon l’esprit, qui exercez tellement vostre sollicitude ; car vous nous rendez obligées à vous pour les graces que le père nous a promises par son fils. Certainement, cher cousin, vous nous liez doublement à vous, à cause de vostre affeccionnée charité, car il y a beaucoup d’amis selon le monde et l’apparence, mais peu qui souhaitent à leurs amis le Seigneur Dieu. Or, puisqu’il luy a pleu que vous nous soyez tel, je le prie fortifier en vous ce hon vouloir ; aussy que nous fassiez souvent entendre de vos nouvelles.

Pour ce qui est de nous, croyez ce seur porteur de quelque chose touchant nostre souffrance terrestre’; et ceste lettre mal dressée et plus mal escripte de ma main, veuillez la prendre et tenir suffisante pour deux lettres, à savoir de la mère et de la fille, que Nostre Seigneur a réunies en luy. Aussy ne doibt il y avoir dans les ames fidèles qu’une volonté, un Dieu et une espérance ; qui est la fiance de tous les esleus. Priez

pour moy, comme vostre amour le vous commande, et, de ma part, je m’oblige à le vous rendre. Vostre bonne cousine inutile, MARGUERITE. La captivité de François Jer en Espagne. Madame d’Alençon ne partit pour aller trouver son frère qu’au mois d’août 1525.

  • Il est clair que Marguerite avait écrit : qui est la fiance, expression

qu’elle en ploie souvent. Son correspondant a lu : qui est le fiancé, et a traduit, sans s’arrêter au non-sens : der ist der Gesponss aller auszcrwelten.