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LETTRES INÉDITES

LETTRES INÉDITES 31. — ÉRASME A MARGUERITE, DUCHESSE D’ALENÇON". (En Espagne.) (Båle, le 28 septembre 1525.) Les admirateurs des vertus de vostre altesse m’ont escript plusieurs fois, m’engageant à vous adresser quelques consolations en ceste tempeste de malheurs. C’est pourquoi, le savant et noble personnage qui vous remettra ceste lettre, s’estant offert à l’imprévu, prest à partir pour l’Espagne, où il ne fera que passer, j’hésitois s’il valoit mieux garder un silence absolu, ou vous envoyer ceste courte lettre et mal ordonnée. Ceste crainte et ceste honte ont cédé à l’affection singulière que je vous porte ; car dès long temps j’ay admiré et chéry tant de dons excellens que Dieu a mis en vous : prudence digne d’un philosophe, chasteté, modération, piété, force d’âme invincible, et un merveilleux mépris de toutes les vanités de ce monde. Qui n’admireroit en la sœur d’un grand Roy, ces qualités si rares chez les prestres même et les moines ? Je n’en parlerois pas, si je ne savois assurément que

vous n’en attribuez le mérite à vos propres forces, mais le reportez tout entier au Seigneur, dispensateur de tout bien. Ainsy avec le désir de vous féliciter plustost que de vous consoler, j’ay faict ceste entreprise. Le malheur est J’ai conservé l’orthographe du sure siècle dans cette traduction, comme dans celle des lettres du comte de Hohenlohe, et par le même motif. L’original latin est aux Pièces justificatives, nº XII.