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SUR MARGUERITE D’ANGOULÊME.

défunt avait été gouverneur du roi Charles VIII. Madame de Châtillon était belle et vertueuse, de l’aveu même de Brantôme, qui assure en même temps qu’elle avait épousé en secondes noces le cardinal du Bellay. Mais ce Brantôme était la trompette de toutes les médisances. À l’entendre le cardinal de Châtillon aussi aurait été marié en secret : ce sont apparemment des mensonges. Quoi qu’il en soit, l’élève de madame de Châtillon fit honneur à son institutrice. La nature avait donné à Marguerite la beauté extérieure ; il n’y avait qu’à développer dans son âme les germes de la sagesse et de la vertu, et l’on y réussit de telle sorte, que dès l’âge de quinze ans, « l’esprit de Dieu commença à se manifester et apparoistre en ses yeux, en sa face, en son marcher, en sa parole, et généralement en toutes ses actions[1]. » En même temps, pour satisfaire le besoin de science et les rares dispositions d’esprit qu’elle faisait paraître, on lui avait donné des précepteurs de toute sorte, qui la rendirent habile dans les lettres profanes, comme l’on disait alors. Mar-

    de la Gallia christiana, maître des requêtes et conseiller de la duchesse d’Alençon, a publié l’oraison funèbre de Marguerite en français et en latin (Paris, 1550). Nous aurons souvent occasion de le citer.

  1. Sainte-Marthe, Oraison funèbre, p. 37.