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SUR MARGUERITE D’ANGOULÊME.

SUR MARGUERITE D’ANGOULEME. subit l’influence de l’évêque de Meaux dans les affaires de la conscience et de la foi, du moins n’en fut-il pas de même en matière de style. Nous n’avons qu’un très-petit nombre de ses lettres dévotes ; elles sont courtes, et bien que Marguerite s’y efforce d’imiter l’éloquence de son maître, elle n’y parvient heureusement pas. C’est un vrai prodige qu’elle ait pu demeurer si longtemps exposée à la contagion impunément. Il fallait que la nature eût doué cet esprit d’une grande vigueur de bon sens et de clarté judicieuse, pour la soustraire à la double autorité du savant et du directeur, et la ramener du style de ses épîtres mystiques au style de ses Nouvelles. Lorsque François ſer monta sur le trône (janvier 1515), la duchesse d’Alençon parut à la cour, où sa beauté", son esprit, son affabilité, l’étroite amitié qui l’unissait à son frère et qui ne se démentit jamais, lui attirèrent les hommages universels. Marot, qui, deux ans après, entra à son service, se rendait l’interprète de l’admiration publique, lorsqu’il traçait le portrait de madame d’Alençon dans ces vers : Ma maistresse est de si baulte valeur

  • Celte beauté, si vantée par tous les contemporains, parait avoir

emprunté quelque chose à l’éclat du rang, du moins si l’on en juge par le portrait de la reine de Navarre qui est à Versailles. Margucrile y est représentée avec les traits et surtout le nez de son frère.