Page:Marguerite de Navarre - Lettres, éd. Génin, 1841.djvu/289

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
269
DE LA REINE DE NAVARRE.

de vous 90. · AU ROY.

(Alençon ? octobre 1530.) Monseigneur, puisqu’il a pleu à Dieu tirer à luy celuy qu’il vous a pleu advouer pour vostre petit fils’, et que vous luy aviés fait tant d’honneur que

esjouir de sa naissance en ce monde, craignant que vous et Madame sentés l’ennuy de l’issue, vous ay bien voulu advertir du tout pour vous supplier à tous deux très humblement vous esjouir de sa gloire sans en prendre nulle tristesse ; car, mais qu’il plaise à nostre Seigneur vous donner à tous deux bonne santé, le demeurant des tribulacions sera doucement porté ; vous asseurant, Monseigneur, que le père et la mère se contentent de la voulenté de celuy qui en peult donner d’aultres pour servir MM. vos enfans, mais que nous soyions tousjours en vos bonnes graces, auxquelles plus que très humblement nous recommandons. Vous suppliant, Monseigneur, me pardonner si plus toust et plus au long ne vous ay escript’. Vostre très humble et très obéissante seur et subjecte,

MARGUERITE. [F. Béth., n° 8624. D’après une copie.) Jean d’Albret, né le 15 juillet environ, 1530. Voyez la lettre 85. · Charles de Sainte-Marthe (Oraison finèbre de Marguerite) nous apprend que la reine de Navarre fit chanter un Te Deum dans l’église d’Alençon, à l’occasion de la mort du petit prince, et afficher dans la ville des placards où on lisait ces paroles de l’Ecriture : Dieu l’avoit donné, Dieu l’a osté. C’est la conduite d’une mère exaltée dans sa résignation, mais non pas d’une hérétique.