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LETTRES INÉDITES

LETTRES INÉDITES 91.-RÉPONSE DE FRANÇOIS 1** A SA SŒUR. (1530.)

« Si la fortune, ma mignonne, n’avoit expérimenté « par longues années nostre résolue patience, je [la] « dirois avoir raison de faire nouvelle preuve de son « authorité ; mais ayant conguen par seure expérience les choses miennes estre vostres, elle a deu penser « aussy ce qui est vostre estre mien : par quoy si « avez porté la douleur des miens vostres premiers en «  fans morts, vous cuidant faire injure, c’est à moy de

« porter la vostre comme chose mienne. Doncques, « comme celuy rebelle à ses commandemens, ne deb «  vez laisser le combat contre l’ennemy si accoustumé, « et en vous mesmes pensez que cest le troisième des et le dernier des miens que Dieu a appelé « en son heureuse compaignie, acquise d’eulx avec « peu de labeur, et tant désirée de nous avecques si « grant travail ; en oubliant vos tristes lermes pour « obéir à Dieu et pour rendre preuve de vostre accous «  tumée vertu ; en prenant de vous le clair et pur «  « conseil qu’en semblable advertissement aultresfois « m’avez persuadé ; en ce faisant, rendrez au lieu d’une « triste mort, le demeurant [de] vostre vie agréable « à nous et à nostre mère’, laquelle avecques sa goutte 1 (( vostres

1 François (er avait à cette époque déjà perdu deux enfants ; Louise morte en 1517, et Charlotte, en 1524.

  • Cette phrase est inintelligible dans le texte, où on lit : « En ce