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DE LA REINE DE NAVARRE.

98. — AU MÊME. (Fontainebleau, automne de 1531.) Mon

nepveu, nous sommes tousjours en ce lieu, où Madame se trouva hier bien foible, jusques à presque esvanouir. Toutesfois je n’y estoye, et n’en sceus rien que par elle mesmes, qui m’en fit après le compte. Aujourd’hui elle se porte assez bien, mais ne se peult encores proumener. Vous ne luy sçauriez faire plus grand plaisir que de luy faire souvent sçavoir de la honne santé du Roy, vous priant vouloir continuer. Le bon homme Fabry’m'a escript qu’il s’est trouvé Jacques Fabry, ou Lefebvre, surnommé d’Etaples parce qu’il était né dans ce village du diocèse d’Amiens, en 1455. (Cette date est incertaine.)

Après avoir visité l’Asie et l’Afrique, il revint à Paris, et professa la philosophie au collége du cardinal Lemoine. Guillaunie Briçonnet, transféré du siège de Lodève à celui de Meaux (1518), s’attacha Lefebvre d’Etaples en qualité de grand vicaire, et l’emmena dans sa ville cpiscopale. Lefebvre publia alors les dissertations théologiques qui lui valurent les censures et les persécutions de la Sorbonne. Il excusa comme il put la témérité de ses opinions particulières sur sainte Anne et sur Marie Madelaine ; mais il avait, de plus, traduit et conmenté le Nouveau Testament, crime irremissible aux yeux du fougueux Noël Béda ; preuve d’hérésie non équivoque. On avait voulu profiter de l’absence du Roi, prisonnier en Espague, pour perdre Lefebvre d’Etaples, mais la duchesse d’Alençon obtint de son frère l’écrire au parlement, et sauva le coupable. (Sainte-Marthe, Élog.) Cependant les tracasseries des sorbonistes se reproduisaient sans fin. Lefebvre d’Étaples, qui, après avoir termine l’éducation du prince Charles, due d’Angoulème, s’était reſugie dans la modeste place de bibliothécaire à Blois, loin des dignites ecclesiastiques que le Roi lui