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NOTICE

tous les plaisirs d’une société brillante. Elle était l’objet déclaré des vœux du connétable de Bourbon, poursuivi lui-même par la passion importune et fatale de Louise de Savoie. Marguerite répondait-elle aux sentiments du connétable, on n’en savait rien, mais on croyait savoir qu’elle ne pouvait aimer beaucoup son mari, et c’est sur quoi fonda son plan d’attaque le séducteur le plus célèbre et le plus téméraire de la cour de François Ier. Bonnivet n’ayant pu cette fois réussir par ses moyens ordinaires, résolut de joindre la force à l’adresse. Il invita le Roi et les princesses à venir passer quelques jours chez lui, à la campagne

on accepte. Il avait préparé des fêtes magnifiques

dont madame d’Alençon fut en secret l’héroïne. Elle ne pouvait se dispenser de quelques expressions de reconnaissance polie ; Bonnivet, présomptueux autant qu’il était entreprenant, crut le moment de la victoire arrivé. Il avait donné à la duchesse un appartement préparé avec un soin dont tous les détails ne se révélaient pas au premier coup d’œil, et s’était lui-même logé au-dessous, non sans intention, comme on va le voir. Il avait fait pratiquer dans le plancher une trappe recouverte et dissimulée par les nattes qui servaient alors de tapis de pied. La nuit, tandis que tout se livrait au sommeil, i il