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DE LA REINE DE NAVARRE.

que DE LA REINE DE NAVARRE. jamais ne feut plus de besoing de favoriser aux pouhetes maintenant,

afin que

tant de choses dignes de mémoire faictes en ce temps, ne soient mises en oubly par faulte de ceux qui sont dignes d’escripre si heureuses et vertueuses croniques ; et pource que vous congnoissés que ce porteur a peu de semblables pour honorer par ses escriptures les louables faicts des vertueux, je luy ay voulentiers baillé ceste lettre pour vous prier de luy ayder aultant à avoir de quoy achepter les parchemins pour escripre, comme vous avés faict aux choses qui méritent de les remplir, car le bien qu’il a ne suffiroit à en trouver aultant que vous luy donnés lui-même en plusieurs endroits de ses ouvrages, notamment dans une épitre à M. de Montmorency, en lui envoyant un recueil de ses poésies (1530) :

Il m’est pris le couraige De mettre à part reposer un ouvraige Qui pour le Roy sera tost mis à fin ; Puis ay choisy une autre plume, afiu De vous escrire en ryme la présente. (T. II, p. 80, éd. Auguis.) Lorsque Marot partit pour Ferrare (1554), la reine de Navarre, à la cour de laquelle il s’était retiré depuis trois ans, avait pavé son voyage :

La Royne de Navarre Me donna le bon arrhe Qu’en passant tu me vy, Pour me faire monter

Et soudain dévaler Les monts jusques ici. (Épie, écrite d’Italie, t. II, p. 198, éd. Auguis.) Il était naturel qu’à son retour, cette bonne princesse remédiât encore au défaut de pécune de son protégé. 20