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LETTRES INÉDITES

LETTRES INÉDITES voir ce que ce sera du petit frère de monsieur de Rohan’, et puis m’en viendra dire des nouvelles à Nismes, où j’espère estre demain à digner ; et s’il vous plaist me mander par luy quelque chose, vous le pouvés faire seurement, car je m’y fie. Il vous dira comme Carbonº et moy avons interrogué ung espies, qui estoit venu demander quel nombre d’hommes d’armes estoient dessà la rivière 4, et s’il y avoit point d’artillerie. Il confesse que l’on luy a voulu donner argent et poysons pour gaster les puits ; mais qu’il ne les a voulu prendre, et fait du simple bien fort. Mais il m’a priée luy donner loisir d’une heure, et que si je luy veulx proumettre qu’il n’aura point de mal, il dira vérité, ce que je luy ay proumis, estant seure que · La famille de Rohan se trouvait dans une détresse de fortune. Marguerite s’en explique avec assez de détail dans la lettre 92. « En «  tendant l’estresme nécessité où ma sœur, madame de Rohan, estoit, « et que sans moy, son mari, ses enfans et elle estoient en dangier « d’estre les plus pouvres gentilshommes de France, non par leur « faulte, mais de très maulvais serviteurs ; l’obligacion que j’y ai « quant à la nature et quant à l’honneur…., etc. » Marguerite fit à cette occasion un voyage en Bretagne, se chargea de mademoiselle de Rohan, qu’elle fit élever comme sa propre fille (voy. lettre 118), et n’eut point de repos qu’elle n’eût assuré, par le moyen du Roi et de Montmorency, le sort des petits Rouhan. Il sera souvent question d’eux dans ces lettres.

Madame de Rohan etait de son nom Isabeau d’Albret, sour du roi de Navarre.

Par ces mots monsieur de Rohan, Marguerite entend le fils aîné ; le petit frère, ou le fils cadet, s’appelait Claude. · Jean de Montpezat.

3 Un espion. De ce côté ci du Rhonc : Montmorency gardait l’autre rive.