Page:Marguerite de Navarre - Lettres, éd. Génin, 1841.djvu/34

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NOTICE

ficile, eût manqué de prudence ou de fermeté, la France était perdue. Son salut était aux mains de deux femmes : elle fut sauvée. Brantôme témoigne que « madame Marguerite assista fort à madane sa mère à régir le royaulme, à contenter les princes, les grans et gaigner la noblesse. » Ce rôle de conciliatrice fut celui de Marguerite pendant toute sa vie. J’anticipe un peu sur les dates pour rapporter encore un témoignage de Brantôme sur ce point : « Ceste grande reyne de Navarre, Marguerite, l’honoroit fort (le prince de Melfe), et le plus souvent commandoit à sa dame d’honneur, qui estoit madame la séneschalle de Poictou, de la maison du Lude, ma grand mère, de le mener disner ou souper avecques elle, en sa seconde table….., et le plus souvent sadicte majesté envoyoit quelque chose de bon, de son plat, à mondict sieur le prince pour en manger et taster pour l’amour d’elle. En quoi ledict prince s’en ressentoit très-honoré et favorisé. Car, disoitelle, « ces povres princes et seigneurs estrangiers qui ont quitté tout pour le service du Roy mon frère, ils n’ont pas leur ordinaire, leur train « de cour et leurs commodités comme ceulx de la patrie. Il les fault gratifier de tout ce qu’on « peult, bien que la table du grand maistre ne « leur fault point ; mais encore ceste gracieuseté (C

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