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DE LA REINE DE NAVARRE.

ser que DE LA REINE DE NAVARRE. n’ait esté aussy grande qu’il m’estoit possible, mais sy puis-je bien confesser que celle de maintenant la passe,

pourceque ma congnoissance est meilleure, et vostre mérite plus grant. Et je vous prie, mon nepven, penles louanges que chascun me dict de vous me donnent telle satisfacsion que sy c’estoit de mon propre fils, et loue Dicu de tout mon cueur d’entendre la façon en quoy sont les affaires du Roy par vostre saige conduite, tant pour le service dudict seigneur qui avoit besoing d’ung tel servicteur, que pour l’honpeur que vous en rappourterés. L’on ne dict plus que le lieutenant du Roy a peur, qu’il ne veult ouïr personne, ny tenir conseil, ny se faire craindre ; mais au contraire, tant de bien de vostre doulceur, de vostre audace, justice et miséricorde où il est besoing, que je ferois mal de le vous céler, saichant très bien que vous en donnés la gloire à celuy dont elle vient. Mais je ferois tort au bruist que vous donnent tous les gens de bien, si je le vous célois. Je supplie Nostre Seigneur vous donner la santé et continuacion de cest affaire, pour parachever ce que je scay que vous désirés’.

Il est vray, mon nepveu, que non contente d’ouïr seulement parler de vous, j’avois grant envie d’aller en Avignon, seulement pour vous dire adicu ; mais après avoir entendu par ce scur messaigier l’occasion qui vous contraint à partir, je ne passeray point demain le pont Sainct-Esperit, et feray la meilleure diligence que < L’épée de cométable, sans doute.