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DE LA REINE DE NAVARRE.

32 ; Je ne vous diray point l’honneur que m’a faict M. le grant maistre, lequel ne savoit riens de ma venue, ne nul de mes gens. Il m’a monstré tout vostre camp, avecques ces deux vieux pères, et ces jeunes princes, et si grant nombre de gens de bien, que jamais Pantasilée’ ne feut receue en tel honneur, lequel procède de vous à qui je le retourne. Sy suis-je seure que l’Empereur en tiendra deux jours conseil davantaige, pour deviner la cause qui m’y a fait aller, et si en ſeray là où je voys’bien mon prouffit et son dommaige. Monseigneur,

je vius arsoir 3 en ce lieu de Monfrin, où est la compaignie du roy de Navarre, que j’aye veue toute en bataille. Je ne vous diray rien des hommes d’armes, mais il y a peu de

gens mieulx montés

que les chevaux légiers. Vous vous contenterés des Gascons ; et pleust à Dieu que l’Empereur s’espasser le Rosne quant je suis icy ! car avecques le secours que vous m’envoyriés (et sy n’en fault pas beaucoup !) j’entreprendrois bien sus ma vie, toute ferme que je suis, de le garder de passer, et n’y a nul que vous quy me peust garder d’y estre, mais je croy qu’il ne l’entreprendra pas, ny aussy d’assaillir le sayast de

Reine des Amazones, qui alla au siège de Troic. Pentasilec était fort à la mode au kvie siècle : Arrière donc, royne Pautasilée, Maintenant est ta gloire annibilée. (Marot.)

• Là où je vais. 3 Arsoir, hier soir.