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LETTRES INÉDITES

LETTRES INÉDITES 133. — AU MÊME.

(Piquigny, mars 1537.) Mon nepveu, je vous mercye aultant qu’il m’est possible de ce que par ce porteur m’avez advertie de ce que je doy faire, vous asseurant que, quoy que ce soit, je ne passeray jamais oultre ce que vous me manderés. Il vous dira comme il m’a trouvée en ce lieu de Picquigny, et pensoys aller digner à Amiens, mais me doubtant que j’y trouverois une pouvre maison bien désolée’, je digneray icy pour m’en aller tout droit à ma pouvre sœur, qui faict un si très grant deul et l’a continué tant de jours, que je crains biev sa santé. La

pouvre femme a bien besoing de la bonne grace du Roy et que vous luy soyiés bon amy. Je m’en voys mettre paine de la consoler en ce qu’il me sera possible ; et quant à la demeure que j’ay faict à Saint-Riquierº, les dames qui sont à Amiens m’en ont bien mercyée, car si Dieu ne m’eust amené M. d’Hely, je crois qu’il s’en feust allé après Unchy, pour la grosse • Celle de madame de Rohan, sa belle-sœur, qui était ruinéc. · Saint-Riquier, assiégé par les Impériaux, s’était vaillamment délendu. « Les femmes, montant elles mesmes sur les murailles avecques leurs maris, exercèrent si virilement l’office d’hommes, qu’à « force de poix résine et d’eaux chaudes et bouillantes elles contraignirent enfin les inpériaux de se retirer. Voire, dict on, que quela ques unes de ces femmes habillées en hommes leur ostèrent deux de « leurs enseignes. » (DUHAiLLAN, t. II, p. 1451 ; edit. de 1615.) 3 Le Roi avait pris Auxi-le-Château et Hesdin. « Il est vrai le « seigneur de Dunchy mourut à l’assaut, et que Hély v fut griefvc- que