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NOTICE

Luther lui-même à son début, humble Augustin, protestant de son éternel dévouement au Pape et à l’Église romaine. L’insolence du marchand d’indulgences Tzetzel, la hauteur maladroite du cardinal Cajetan, l’insouciante imprévoyance de Léon X, changèrent ces dispositions. Le ressentiment de l’orgueil blessé fit franchir à Luther la barrière de ses devoirs ; il arriva au but de sa course, tout d’une haleine, et quand il se retourna pour mesurer l’espace parcouru, il

se trouva avoir fait à lui tout seul une révolution. Au contraire, chez Marguerite d’Angoulême, le sentiment des abus ecclésiastiques, quelque vif qu’il fût, céda devant le péril de la foi, et la princesse recula plutôt que

de manquer

à la fidélité envers l’Église.

Revenons aux suites de la bataille de Pavie. François, prisonnier de Charles-Quint, écrivit à sa sœur, la priant de venir travailler à sa délivrance. C’est du moins ce que laisse entrevoir la réponse de Marguerite (mai 1525), et cette ré ponse paraît avoir été concertée dans l’espoir d’une indiscrétion qui la ferait passer sous les yeux de l’Empereur. Madame d’Alencon met sa confiance dans les vertus de Charles-Quint, dont elle n’oublie

pas de vanter surtout la générosité. Elle fait demander par madame la Régente un