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DE LA REINE DE NAVARRE.

vostre prudence, hardiesse et diligence, dont je reçoy une sy grant joye que je n’en eus jamais de pareille. Je suis scure que vous n’oubliés d’en donner la gloire à celuy dont tel heur vous vient, lequel j’en loue sans cesse de tout mon cueur. Or, mon nepveu, pour le lieu là où vous estes, je ne vous ay voulu fascher de propous indignes d’aller si loin ; mais afin que sy l’on trouve mauvais mon voyaige de Bretaigne, que vous veuillies uzer de l’amour que je suis seure que vous me portés et en dire la vérité, je vous veux bien ramentevoir que quand le Roy partit de Fontainebleau, je luy demanday, voyant l’estat ou estoit la Royne, s’il luy plaisoit que je demeurasse pour luy faire service tant qu’elle seroit malade. Il me dit qu’il le me commandoit. J’ay fait son commandement, et combien par

deux fois feust malade, je ne voulus demander mon congié, jusques à

la Royne feust toute necte de sa fiebvre, et, par le commandement du Roy, m’en vins voir ma fille, espérant y demeurer jusques à recevoir aultre commandement. Mais entendant l’estresme nécessité où ma sœur, madame de Rohan’, estoit, et que sans moy, son mary, ses enfants et elle estoient en dangier d’estre les plus pouvres gentilshonimes de France, (non par leur faulte, mais de trèsmauvais serviteurs) l’obligation que j’ay, quant à la nacture et quant à l’honneur, m’a contrainte laisser ma fille qui estoit guérie, pour aller guérir ma pouque ma fille

ce que Isabeau d’Albret, belle-seur de Marguerite.