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LETTRES INÉDITES

LETTRES INÉDITES vre sœur, laquelle j’ay amenée avecques deux femmes pour la nourrir avecques ma fille, jusques à ce que leur maison soit désendebtée, (qui doibt sessante mille francs, et plusieurs terres engaigées !) et sans moy le demourant s’en alloit, où ils n’eussent sceu vivre. Mais quoy qu’il en soit, je n’ay demouré à aller et venir que le temps que j’eusse séjourné à Blais, auquel lieu je m’en voys ramener ma fille, que j’avois amenée par eau en ceste ville de Tours, afin en allant et venant la voir huit ou dix jours en tout. Je vous prie, mon nepveu, le vouloir faire entendre au Roy, et l’asseurer que sy j’eusse entendu qu’il luy eust pleu que je feusse demourée avecques la Royne, il sait bien que je n’ay affaire sy contraint que je n’eusse laissé, combien qu’il fault que je vous die que quant ils sont en bonne santé, je foys sy peu de service au Roy en la compaignie des dames, que luy ny nul ne se doibt appercevoir de mon absence. Je vous prie encores bien fort,

afin faulte de l’entendre, me mander sy l’intention du Roy est que je ne bouge d’avecques la Royne, car où il luy plaira, il congnoistra qu’il sera ohéy de bon cueur. Mon nepveu, j’espère que le bon effet

que vous avés

mis à fin’nous appportera une bonne paix et la fera plus facile ; par quoy je ne me puis garder de vous prier avoir le Roy de Navarre pour recommandé, car vous savez que tout l’espoir qu’il peult avoir de jamais recouvrer son royaulme est la faveur du Roy, soit que je ne faille

par ’La trève de Leucate.