Page:Marguerite de Navarre - Lettres, éd. Génin, 1841.djvu/51

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
31
SUR MARGUERITE D’ANGOULÊME.

(( SUR MARGUERITE D’ANGOULÊME. luy ait donnée, et sur quoy il fonde le seur moyen

de sa liberté. Et croy que sy le

roy « d’Angleterre entendoit quelle amour et obliga « cion il a engendrée au cueur du Roy, la sienne « encores croistroit, car il dit (François I"") que « sy son corps est prisonnier de l’Empereur, que a son cueur et tout ce qu’il a l’est du roy d’Angleterre.

». Ce fut apparemment pour resserrer et consolider cette amitié que François Ter, à peine rentré dans sa famille, s’occupa de marier la belle veuve du duc d’Alençon au roi d’Angleterre. Il est certain que l’évêque de Tarbes, Gabriel de Grammont, qui passait pour un habile négociateur, fut envoyé à Londres avec des instructions secrètes, d’après lesquelles il devait exploiter l’éloignement d’Henri VIII pour Catherine d’Aragon, amener ce prince au divorce et l’engager à jeter les yeux sur la sœur du roi de France. L’évêque ne réussit qu’à moitié:Henri divorça, mais ce fut pour épouser Anne de Boulen, naguères attachée au service de la duchesse d’Alençon. Sic vos non vobis. A quoi tiennent les destinées des royaumes ! Si Henri VIII eût épousé Marguerite, qui sait ce qui serait résulté pour la France et pour l’Angleterre de cette ligue contre Charles-Quint ? Henri aurait subi peut-être l’ascendant de sa femme; il est probable du moins