Page:Marguerite de Navarre - Lettres, éd. Génin, 1841.djvu/52

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NOTICE

qu’il n’eût osé la faire monter sur l’échafaud ni la répudier. Il se fût épargné les assassinats juridiques qui ensanglantent sa mémoire. L’Angleterre serait peut-être encore catholique, et la religion n’aurait jamais suscité ces tristes querelles entre l’Irlande et ses oppresseurs.

Le désastre de Pavie avait livré à Charles-Quint encore un autre roi que le roi de France ; mais celui-là n’était que roi honoraire. C’était Henri d’Albret, souverain de la Navarre, sinon de fait, au moins de droit et de nom. Il était fils de Jean d’Albret et de Catherine de Foix, célèbres l’un et l’autre, Jean, par la débonnaireté, la faiblesse de son caractère, qui lui fit perdre la Navarre ; Catherine, par la virilité de son cœur, qui ne parvint pas à sauver son royaume des mains de Ferdinand le Catholique[1]. Henri, jeune et vaillant, s’était distingué à Pavie, avait été pris et conduit avec le roi de France dans la forteresse de Pizzighitone, où le vainqueur, de Lannoy, vice-roi de Naples, les traitait avec toute sorte d’égards. Des rapports de caractère et surtout la commu-

  1. « Don Juan, disait-elle à son mari, si nous fussions nés, vous Catherine, et moi don Juan, nous n’eussions jamais perdu la Navarre. » — La Navarre fut réunie à la couronne de Castille le 25 juillet 1512, quatre cent quatre-vingt-six ans après qu’elle en avait été séparée.