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SUR MARGUERITE D’ANGOULÊME.

nauté d’infortune firent naître l’amitié entre François et Henri. Le matin du jour de Pâques (16 avril 1525), les domestiques du vice-roi se présentant à la porte du roi de Navarre, un page du prince vient à eux sur la pointe du pied, le doigt sur les lèvres, et leur montre le lit où repose son maître malade. Une voix affaiblie sort de dessous les rideaux ; le roi de Navarre demande qu’on le laisse encore dormir, et les envoyés se retirent, fort éloignés de soupçonner que, pendant ce temps, le véritable Henri fuyait, couvert des habits de celui qui jouait son rôle[1]. La ruse fut découverte trop tard. Lannoy, appréciant le généreux dévouement du page[2], ne voulut point le punir, mais la crainte que François Ier ne lui échappât aussi par quelque stratagème le résolut à transporter son royal captif en Espagne.

Des qualités héroïques, des aventures romanesques, sont une puissante recommandation auprès d’une femme. Henri d’Albret et Marguerite s’aimèrent ; François consentit à leur mariage qui fut célébré à Paris, le 24 janvier 1527. La duchesse d’Alençon est désignée dans le contrat

  1. Voyez une lettre du roi de Navarre ; Pièces justificatives, n° III.
  2. L’histoire a conservé le nom de ce jeune homme ; il s’appelait Vivès.