Page:Marguerite de Navarre - Lettres, éd. Génin, 1841.djvu/70

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NOTICE

bonne. Quelle différence avec ce qui eut lieu deux cents ans plus tard ! La Sorbonne entreprit de censurer un livre où l’auteur prêchait la tolérance, l’excellence de toutes les religions, et flétrissait le fanatisme. La voix des docteurs fut étouffée par

des huées, par

des sifflets universels. L’autorité ecclésiastique, qui, au xvie siècle, forçait la sœur du roi de France à se courber devant elle, est, au xvine, obligée de lutter contre un simple homme de lettres, et se retire du champ de bataille officiellement vaincue. Marmontel fut plus puissant que la reine de Navarre, et les témérités dogmatiques de Bélisaire triomphèrent, en dépit de ce tribunal déterminé à punir les fautes d’omission de l’âme pécheresse, si cette âme se fût trouvée d’une condition moins haute. Non, Marguerite ne cessa jamais d’être une bonne catholique. Sa longue liaison avec l’évêque de Meaux suffirait à le prouver, indépendamment de ce que tous ses écrits respirent une piété ardente et pure 1. Mais Marguerite était tolérante ; elle ne partageait pas cette opinion défendue encore par la Sorbonne au milieu du xvi1e siècle, que la lu* Il n’est question que des écrits destinés par elle à être publiés, et dont une partie le fut de son vivant même, par Jacques Sylvius ou Delahaye, un de ses valets de chambre. Au reste, il y a dans les Nouvelles mêmes autant de dévotion que

de badinage.