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SUR MARGUERITE D’ANGOULÊME.

les uns SUR MARGUERITE D’ANGOULÊME. mière des bûchers soit la meilleure pour

éclairer les âmes égarées. La reine de Navarre ne voyait dans les réformateurs que des savants persécutés. Or, elle s’était faite « le port et le refuge de tous « les désolés. Tu les eusses vus à ce port, « lever la teste hors de mendicité ; les autres, « comme après le naufrage, embrasser la tranquillité tant désirée ; les autres, se couvrir de sa « faveur, comme d’ung bouclier d’Ajax, contre « ceux qui les persécutoient. Somme, les voyant à « l’entour de ceste bonne dame, tu eusses dit d’elle « que c’estoit une poulle, qui soigneusement ap «  pelle et assemble ses petits poulets et les couvre « de ses aisles. ? » Cette humanité répandue sur tous sans distinction compromet encore aujourd’hui la mémoire de Marguerite : en la voyant accueillir les poëtes on l’accuse de libertinage, et quand elle protége des théologiens on dit qu’elle est hérétique. Il est malaisé de faire le bien impunément.

Avouons aussi que sa bonne foi dut être souvent surprise par les novateurs intéressés à compter

la sœur du Roi parmi leurs prosélytes. Et comment en effet résister aux apparences, lorsque Calvin

la loue d’être l’instrument dont Dieu 1 Sainte-Marthe, Oraison funèbre, p. 84.