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NOTICE

avait été si étroitement lié, l’avertissait de songer à la sienne. Pour que rien ne manque à la tristesse de ce tableau, il faut le voir éclairé par l’incendie de Mérindol et de Cabrières. Ce furent les dragonnades de François Ier. Le passé était un rêve évanoui ; le présent était sombre, et l’avenir menaçant. Pour

comble d’amertume, François, malade de corps et d’esprit, arrivait isolé à la fin de sa carrière. Il avait disgracié l’amiral de Brion pour plaire à Montmorency ; bientôt, il s’était vu forcé d’éloigner Montmorency lui-même, le connaissant mieux. Le roi et la reine de Navarre vivaient retirés à l’extrémité de la France, heureux du bonheur de leurs sujets. Restait la duchesse d’Étampes, qui trahissait au profit de l’Espagne le monarque dont elle dominait tristement la vieillesse anticipée. Son intrigue avec le comte Bossut de Longueval n’etait ignorée de personne, non pas même du Roi ; ses démêlés avec Diane de Poitiers, maîtresse déclarée du fils après l’avoir été du père ; tous ces vices, ces scandales, ces tracasseries, suggéraient sans doute de pénibles réflexions au prince désabusé. I dut regretter bien des fois d’avoir sacrifié à des chimères d’ambition le seul bien qui ait ici-bas une valeur réelle, qui puisse consoler de tous les revers, l’amitié sin-