Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 4.djvu/339

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étonner vos soupçons, et dont j’ose attendre votre estime, quand vous en saurez les motifs. Ne me parlez donc plus d’Agis ; je ne songe point à lui, je le répète : en voulez-vous des preuves incontestables ? Elles ne ménageront point la fierté de mon sexe ; mais je n’en apporte ici ni la vanité ni l’industrie : j’y viens avec un orgueil plus noble que le sien, vous le verrez, Seigneur. Il s’agit à présent de vos soupçons, et deux mots vont les détruire. Celui que j’aime veut-il me donner sa main ? voilà la mienne. Agis n’est point ici pour accepter mes offres.

HERMOCRATE

Je ne sais donc plus à qui elles s’adressent.

PHOCION

Vous le savez, Seigneur, et je viens de vous le dire ; je ne m’expliquerais pas mieux en nommant Hermocrate.

HERMOCRATE

Moi ! Madame ?

PHOCION

Vous êtes instruit, Seigneur.

HERMOCRATE

, déconcerté.

Je le suis en effet, et ne reviens point du trouble où ce discours me jette : moi, l’objet des mouvements d’un cœur tel que le vôtre !

PHOCION

Seigneur, écoutez-moi ; j’ai besoin de me justifier après l’aveu que je viens de faire.