Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/149

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vos conseils, il n’est plus temps de se dédire ; ma mère, qui ne m’aime point, ne serait pas si traitable que vous le croyez, et nous nous sommes trop avancés pour ne pas achever.

N’en parlons donc plus, me dit-elle d’un air plus chagrin que compatissant. L’abbé arriva alors. Vous avez, dit-on, compagnie ce soir, madame ; mon oncle sera-t-il des vôtres, et n’y a-t-il rien de changé ? lui dit-il. Non, c’est toujours la même chose, repartit-elle. À propos, Mme de Clarville (c’était une de ses amies et de celles du baron) doit être de notre souper, elle me l’a promis ; j’ai peur qu’elle ne l’oublie, et je suis d’avis de l’en faire ressouvenir par un petit billet. Mademoiselle, ajouta-t-elle, j’ai depuis hier une douleur dans la main ; j’aurais de la peine à tenir ma plume ; voulez-vous bien écrire pour moi ? Volontiers, lui dis-je ; vous n’avez qu’à dicter. Il ne s’agit que d’un mot, reprit-elle, et le voici :

« Vous savez que je vous attends ce soir ; ne me manquez pas. »

Je lui demandai si elle voulait signer. Non, me dit-elle, il n’est pas nécessaire ; elle saura bien ce que cela signifie.

Aussitôt elle prit le papier. Sonnez, monsieur, dit-