Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/181

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Ces dames, me dit-elle ensuite, souhaitaient que nous allassions demain à une partie de pêche qui se fera chez elles ; mais je suis trop incommodée pour sortir, et je n’y enverrai que toi, Tervire. Comme il vous plaira, lui répondis-je, bien résolue de prétexter quelque indisposition, plutôt que de la laisser seule toute la journée.

Aussi le lendemain, avant que Mme Dursan fût éveillée, eus-je soin de leur dépêcher un domestique, qui leur dit qu’une migraine violente qui m’était venue dès le matin, et qui me retenait au lit, m’empêchait de me rendre chez elles.

Mme Dursan, étonnée, quelques heures après, de voir entrer chez elle une femme de chambre qu’elle avait chargée de me suivre, apprit d’elle que je ne n’étais point partie, sut en même temps l’excuse que j’en avais donnée.

Cependant je me levai pour aller chez elle, et j’étais à moitié de sa chambre, quand je la rencontrai qui, malgré la peine qu’elle avait à marcher depuis quelque temps, et soutenue d’un laquais, venait voir elle-même en quel état j’étais.

Comment ! te voilà levée ! me dit-elle en s’arrêtant dès qu’elle me vit, et ta migraine ? Ce n’en était pas une, lui dis-je, je me suis trompée ; ce n’était qu’un grand mal de tête qui est extrêmement diminué, et je suis bien fâchée de n’être pas arrivée plus tôt pour vous le dire.

Va, reprit-elle, tu n’es qu’une friponne, et tu mériterais que je te fisse partir tout à l’heure ; mais viens